L. Mons u.a. (Hrsg.): Matières d'art

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Titel
Matières d'art : représentations préhistoriques et supports osseux, relations et contraintes.


Herausgeber
Mons, Lucette; Stéphane, Péan; Romain, Pigeaud
Reihe
Industrie de l'os préhistorique 13
Erschienen
arles 2014: Éditions Errance
Anzahl Seiten
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Marie-Isabelle Cattin

Ce nouveau cahier de la commission de nomenclature sur l'industrie de l'os préhistorique retrace, en 12 articles, les méthodes d'analyse et les supports qui ont servi à recevoir une représentation d'art mobilier préhistorique. Il s'adresse aux chercheurs, aux étudiants et à toute personne intéressée par l'art mobilier préhistorique. Immédiatement annoncé et formulé dans l'avant-propos, l'objectif de ce cahier est de répondre aux questions « quels sont les rapports qu'entretiennent les représentations avec leur support? Dans quelle mesure l'artiste est-il lié au matériau qu'il s'est choisi pour réaliser son œuvre? »

Après un hommage à André Rigaud qui a toujours posé des questions remuantes et pertinentes au matériel osseux et un hommage à Lucette Mons qui est à l'origine du projet de ce cahier, l'ouvrage débute par une première partie méthodologique composée de trois articles. Le premier (S. Péan et C. Vercoutère) donne les clés de détermination des matières dures d'origine animale. Illustrations et descriptions permettent de nommer précisément les éléments concernés par une représentation. L'importance du choix des supports en fonction de leur morphologie et ce qu'ils permettent de réaliser est aussi soulignée, de même que le lien entre problématiques alimentaires, techniques et symboliques. L'article suivant (R. Pigeaud et L. Mons) traite du cadrage de la représentation fixé par les limites du support et donne les outils descriptifs. Cette première partie se termine par un modèle d'analyse offrant plusieurs pistes descriptives (R. Pigeaud, S. Péan et L. Mons).

La seconde partie de l'ouvrage concerne les supports. Pour chacun de ceux-ci, on trouvera une description utilisant les méthodes évoquées dans la première partie. Aspect non négligeable de ce travail, les auteurs présentent des séries qu'ils ont personnellement étudiées. Le premier article (R. Pigeaud et C. Vercoutère) aborde les bois de cervidé et concerne surtout les bâtons percés et les propulseurs, mais également d'autres pièces de portée plus symbolique. Les riches descriptions ont pour but d'établir une liste typologique à partir des exemples choisis. L'article suivant (F.-X. Chauvière) présente les dents décorées (ivoires exceptés) dont l'utilité est également de portée symbolique. La corrélation entre les motifs et les volumes est clairement démontrée, les petits volumes ne comportant que des motifs non figuratifs.

L'étude des os crâniens et mandibulaires (M. Lázničková-Galetová et S. Péan) montre leur utilisation telle quelle, découpés ou façonnés, pour servir de support à des gravures, des peintures ou des perforations. Dans plusieurs sites, les supports majoritairement préférés proviennent des taxons dominant l'assemblage faunique. A nouveau une signification symbolique est évoquée pour le lien à l'animal, de même que pour l'utilisation exceptionnelle d'os crâniens humains. L'article sur le stylohyoïde (P. Cattelain et C. Bellier) nous apprend que cet os, partie précise de l'appareil hyoïdien des chevaux, bovidés et cervidés, a été recherché intentionnellement pour sa forme spécifique et uniquement à une période donnée, à savoir au Magdalénien.

Avec les côtes (C. San Juan-Foucher et C. Vercoutère), on est en présence de pièces dont une partie est identifiée comme éléments de l'outillage de transformation, alors que la majorité semble révéler une valeur symbolique et culturelle. L'analyse de la scapula/omoplate (L. Mons et S. Péan) met en évidence que les pièces portant des décors sont celles appartenant à de grands mammifères. La concordance entre le support et la figure n'est pas systématique, et apparaît plus fréquente pour certaines espèces, le renne montrant la plus grande diversité des motifs représentés.

L'étude de l'os de l'autopode (E. David, L. Filippi et C. Dufayet) concerne tous les os du pied et de la main composés de petits os pleins et d'os tubulaires. Dans ce corpus, seules les pièces non utilitaires ont été analysées. La pièce la plus saisissante est sans doute ce métatarse de cerf portant de chaque côté une gravure de tête de cheval qui, lorsqu'on le tourne rapidement, donne l'impression d'un cheval au galop, comme le montre l'animation proposée par les auteures. Cet ensemble riche et varié a permis la récurrence de nombreuses observations offrant l'occasion de déceler les intentions des préhistoriques, de bien différencier aussi les traces de boucheries des gravures intentionnelles.

Pour les os longs d'oiseaux, l'article (L. Mons et R. Pigeaud) s'attache principalement à décrire les organisations des représentations, parfois assez complexes, liées aux impératifs contraignants de ces supports. Ces objets relèvent de la sphère symbolique, même si certains ont été parfois identifiés comme pendeloque, flûte ou sifflet.

La conclusion de cet ouvrage (S. Péan et R. Pigeaud) fait bien ressortir les choix pratiqués par les préhistoriques, tant au niveau des supports que des espèces choisies, mais aussi de la convergence ou non des représentations avec le taxon du support. La valeur symbolique est largement soulignée, notamment pour apporter un autre éclairage sur les relations entre les humains et les animaux et en élargir notre compréhension.

Cet ouvrage est accompagné d'un CD présentant le corpus intégral des objets étudiés, que l'on peut aborder selon différentes clés d'entrées. On regrettera toutefois le manque d'interactivité du CD, seul bémol à ce magnifique travail si richement illustré. Ce cahier répond complètement à son objectif : fournir un outil de travail, avec une systématique de la description et du vocabulaire. A vous maintenant de prendre cet ouvrage, de l'ouvrir et de vous plonger dans le monde des os et des bois animaux gravés, de vous en inspirer pour ouvrir de nouvelles voies. Vous avez entre vos mains un outil fondamental !

Zitierweise:
Marie-Isabelle Cattin: Rezension zu: Lucette Mons/Stéphane Péan/Romain Pigeaud, Matières d'art : représentations préhistoriques et supports osseux, relations et contraintes. Industrie de l'os préhistorique 13. Arles 2014. Zuerst erschienen in: Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 98, 2015, S. 277.

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Zuerst veröffentlicht in

Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 98, 2015, S. 277.

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